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Mes axes de travail reposent sur

* La contrainte facilitatrice qui me libère 

* Le prélèvement de fragments, de morceaux, la récupération avec la volonté de les agencer pour créer du lien en les re-contextualisant de manière esthétique.

* Le choix du support, son traitement, de même qu’un travail graphique contribuent à l’équilibre du tout.

* Le couple équilibre/déséquilibre en créant des strates jusqu'à l'obtention de ce qui me semble être l'équilibre que je recherche, le « montrable » et abouti, avec des phases multiples et longues.

Des phases successives de souillures où je salis, je malmène et magnifie au fur et à mesure

* Le traitement « des déchets » que je tente d'agencer, de magnifier en leur donnant une autre fonction.

* Les codes : assembler ce qui est dégénéré avec des ajouts de « précieux » en intégrant des cultures différentes et dont le résultat est le lien.

* Le souhait d'une interaction avec celui qui regarde, racontant sa propre histoire au-delà de « J'aime/j'aime pas » et qui m'enrichit.

Je vise à ce que mon travail interpelle et laisse le spectateur perplexe, et qu'il devienne à son tour acteur en cherchant des énigmes qui le ramènent à quelque chose qui lui est propre et qui doit donc m'échapper.

Pour César comme Picasso, l’œuvre est au service de celui qui regarde. C'est bien lui qui crée l’œuvre et non l'inverse.

L’œuvre ne m'appartient pas, ne m'appartient plus.

 

Les techniques utilisées sont très variées, expérimentales et parfois surprenantes.

Tout paraît possible au niveau :

Des techniques mixtes : acrylique, colle, empreintes, encres, pastels, mélanges improbables café, brisures d’huître, sable.

Décoctions diverses : thés macérés, jus de betterave, plantes écrasées, rouille, pigments, poussière, terre, morceaux de tout.

Des actions : peindre, écrire, teindre (Tie and dye/ Shibori), nouer, lier , éclabousser, déchirer, brûler, lacérer, trouer, utiliser la pluie, coudre, broder.....

Des médiums : plastiques, morceaux de tout......Terre, Fils, chambre à air, fer, fils de fer, de pêche, tissus

Des défis, des contraintes techniques : fixer une plaque de fer sur un textile, magnifier une canette de bière, redonner vie à une chaussure hors d'usage que j'affectionne, détourner la déchirure, le trou.

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Ma première rencontre s'est faite avec le médium « affiche »

L’affiche urbaine est un outil de communication avec une vocation éphémère de « lecture » et de « vie », destinée au passant, à tous.

Son « matériau » médiocre de ce fait, soumis aux aléas de la nature et de l’action de l’homme contraste avec le message et l’impact qu’elle doit véhiculer.

Ses messages et son esthétique sont un réservoir énorme d’inspirations où chacun peut se retrouver.

Son devoir de mémoire est prégnant car elle est en voie de disparition face aux technologies nouvelles de communication.

Elle est révélatrice, témoin d’événements, de morceaux de vie, d’activités liées au lieu et à son histoire.

 

Quand la contrainte devient facilitatrice.

Elle s'est naturellement imposée car elle a été facilitatrice en créant paradoxalement une contrainte émulatrice qui m'a permis d'affronter le support vierge

De par son arrachage aléatoire, sa dégradation variable

De par la possibilité d'agencer

De par la liberté d'intervenir ensuite picturalement et graphiquement

 

Ma deuxième rencontre s'est faite avec le support au- delà du châssis et du bois

* L’alèse d’hôpital dans un premier temps

A la fois témoin de la naissance, de la mort et donc du cours de la vie, et concerne chacun de nous. Elle est aussi le réceptacle des fluides, des empreintes.

Le parti pris est donc de traiter le vécu « d’hospitalisé », patient, du visiteur proche ou non, du soignant et donc de chacun de nous.

La souffrance, la douleur, les pulsions de mort et de vie y sont exprimées et à y regarder de plus près, chacun y retrouvera son vécu, son histoire.

* Le textile

De par son énorme diversité et surtout la possibilité de créer ses propres supports avec toutes les contraintes que cela impose en termes d'épaisseurs, de perméabilité, de résistance, d'effets produits en fonction des différentes techniques utilisées. D'autre part il m'offre la possibilité de réunir les différentes cultures sur une seule œuvre.

 

Ma troisième rencontre s'est faite avec le support Kimono et le triptyque 

Qui s’'est imposé ensuite et m'apparaît comme évident en reprenant à lui seul une grande partie des problématiques que je cherche à traiter : contrainte facilitatrice une nouvelle fois avec un nouveau défi de traiter 4/3 toiles en simultané en créant du lien et donner plus à voir encore, l'aspect sociologique avec le multi culturel, l'esthétique, l'élaboration de mon support qui offre plus de diversités et donnant plus à voir de par ses codes et sa forme que je peux à loisir modifier.

 

De ce fait j'ai choisi dans un premier temps la contrainte culturelle

De le traiter de façon traditionnelle avec la base d'une bande de 36 à 39 cm de large avec le respect de la longueur des manches en fonction du sexe, et de la situation familiale (jeune fille, femme mariée, homme) mais pas à hauteur humaine afin qu'il soit « Importable » et donc œuvre à part entière, en modifiant les longueurs, laissant les fils de bâti, utilisant des supports et médiums incompatibles avec le corps humain.

 

Vient un deuxième temps avec l'apport de mes propres codes à la fois culturels et picturaux.

Le tissu noble (Satin, lin, chatoyant, exotique.) passe en second plan (arrière de l’œuvre) seulement visible au niveau de la fermeture pour sublimer, sacraliser l'assemblage chaotique, improbable d'éléments ayant vécus, inutiles aujourd'hui dont on ne sait quoi faire voués à la destruction, à la disparition.

Je me suis autorisée ensuite une nouvelle fois à sortir du « cadre » en lui donnant d'autres mesures en fonction de ce que je cherche à traduire.